Une réflexion sur un monde entre crise et progrès : l’eau au Liban
Depuis ma naissance, et j’ai vingt printemps, un mot revient régulièrement, pour ne pas dire quotidiennement : c’est celui de crise. On parle de crise du logement, de l’énergie, de la démographie…. Toutefois aujourd’hui je vais aborder celle de l’eau. Sur le Liban, on peut clairement dire que le sujet fait couler beaucoup d’encre, que les théories proposées et celles admises sont foules, et permettent de le citer comme exemple probant d’une tendance qui peut s’avérer mondiale.
Notre espèce, autoproclamée l’homo sapiens sapiens est composée selon les thèses généralement admises de 60 à 80% d’eau, et dans notre cerveau ce taux atteint près de 83%.
Lorsque l’approvisionnement en ressources hydriques, la qualité du précieux liquide ou le faible renouvellement de la nappe phréatique posent problèmes, tous les secteurs se trouvent impactés : de l’industrie biologique que forme notre corps pour nous assurer notre existence à celui tout aussi naturel de l’agriculture pour nourrir nos bêtes, les deux tiers des terres agricoles étant utilisées pour alimenter ou abriter des animaux, en passant par l’hygiène et la cuisine.
Bien entendu l’eau s’achète, mais le prix est parfois discriminant pour certaines populations, ou se trouve tout simplement inaccessible.
Que chaque population puisse accéder à une source d’eau potable était l’un des objectifs du Millénaire et selon un document datant de 2012 de l’Organisation Mondiale de la Santé et l’Unicef, cela a été atteint avec 89% de la population ayant accès fin 2010 à une source d’eau potable. Les ONG sur le terrain déplorent l’inexistence d’une mesure pour la qualité de l’eau.
Gregory Nullit, ayant été un responsable du département technique et accès à l’eau pour l’ONG Solidarité Internationale préfère citer un autre rapport des Nations Unies où cette fois, seulement 60% de l’humanité aurait accès à une eau sûre.
Nous avons de colossaux réservoirs d’eau salées en la présence de nos océans, les transformer industriellement en réservoir d’eau douce posent un questionnement financier et énergétique : si nous venons à manquer des énergies alimentant ces usines, quelles seraient les autres options ?
D’ailleurs, vous retrouverez un article sur les techniques que l’ont peu appliqué chez soi ou sur une île déserte avec un peu de chance et de patience pour transformer de l’eau douce en eau salée à la fin de cet article.
Néanmoins, ce sont des méthodes bien qu’habiles, restent difficilement concevable à l’échelle du Moyen-Orient par exemple.
Or les niveaux des nappes phréatiques ne mentent pas et offre un son de cloche inquiétant dans la mesure où le nombre d’individus croient à grande vitesse pour un appauvrissement en ressources hydriques et des sécheresses bien réelles.
La dernière en date touche Le Cap en Afrique du Sud, la pire jamais vue depuis un siècle, des réductions drastiques sont en cours et il y aura peut-être la nécessité de distribuer de l’eau dans la rue. L’Afrique du Sud à une population grandissante : 6 millions de personnes en 1925, près de 16 millions en 1960, et aujourd’hui environ 55 millions d’individus dont le monde vivant et même non-vivant repose autour de l’eau. Ce ne sont pas les seuls.
Et c’est ainsi que nous le décrit Alphonse de Lamartine dans un poème dont le titre est le Choeur des Cèdres du Liban, si vous désirez le lire dans son intégralité :
« Tu le sais, ciel des nuits à qui parlent nos cimes ;
Vous, rochers que nos pieds sondent jusqu’aux abîmes
Pour y chercher la sève et les sucs nourrissants ;
Soleils dont nous buvons les dards éblouissants ;
Vous le savez, ô nuits dont nos feuilles avides
Pompent les frais baisers et les perles humides ».
L’idée d’un Liban abondant en eau est connue, et la vie se déployant par ce biais-là, avec toute la poésie que cela peut nous inspirer. Une seconde citation tout aussi éloquente est de rigueur : « chanteurs et poètes célèbrent les paysages grandioses et pittoresques du Liban, ses sommets enneigés dominant l’azur limpide de la Méditerranée, ses cours d’eau qui se fraient un chemin sinueux au milieu de villes et de cités affairées et ses terres fertiles et bien arrosées avec leur chatoyante palette de fruits et de légumes. » et cette fois-ci, nous devons ces habiles vers non pas à célèbre poète mais à la Banque Mondiale dans un article sur leur action au Pays des Cèdres.
Le manque est une source d’innovation et le Liban ne fait pas exception. La construction du colossal barrage de Qaaraoun sur une faille sismique en est la preuve, et le projet de Bisri justement soutenu et financé par le gouvernement et la Banque Mondiale sera également sur une faille sismique.
Un panel d’experts internationalement reconnu dans des domaines tel que l’hydrologie, la sismologie ou encore l’hydrogéologie, est désormais sur ce chantier au Liban, et ce pour nombres d’années, environ 9 à minima. Des détails techniques très intéressants et des questionnements supplémentaires se trouvent dans les sources si vous souhaitez en apprendre davantage.
Ce n’est pas tant que les ressources manquent, ce sont les flux qui posent ici problèmes, et les projets techniques, signes de progrès, ainsi que l’évolution de la législation dénotent de l’intérêt pour une question vitale, et cela est positif.
D’un autre côté, on a vu le quasi disparition du Pseudophoxinus libani, le vairon du Liban qui fut un met apprécié et facile à pécher de l’Antiquité à 1985, date de la construction d’un tunnel artificiel et de la disparition officielle du poisson parallèlement à un drainage de l’eau ayant entrainé l’assèchement du lac Yammouned qui était son lieu de vie.
La Nature a néanmoins bien œuvré durant 4 milliard(s) d’années et une espèce génétiquement proche a été découverte, le vairon de l’Oronte par le biologiste Michel Bariche en 2007.
Nous avons une attitude de chasseur-cueilleur datant du Paléolithique avec les ressources minérales ou aquatiques : nous prenons ce que la Nature nous donne. Lorsque nous étions 100 000 sur Terre, mettons 5 millions, cela ne posait pas de problèmes. Mais nous sommes aujourd’hui 7,5 milliards d’individus avec le même comportement, et potentiellement 10 milliards en 2050. Nous ne pouvons pas réguler la population, alors il faut maîtriser nos actions pour envisager un avenir agréable.
Anis Mokhfi
Quelques sources :
https://www.lorientlejour.com/article/1093885/leau-au-liban-une-richesse-au-compte-gouttes.html
http://www.banquemondiale.org/fr/news/feature/2013/12/23/water-in-lebanon-matching-myth-with-reality