Tripoli en couleurs
Mohammad Abrash, jeune tripolitain, dirige une initiative de rénovation artistique des murs de sa ville. Depuis 2017, son projet suscite la générosité de plusieurs institutions libanaises.
Après le graffiti géant couvrant les toitures de plusieurs immeubles de la ville, les artistes tripolitains n’en finissent plus d’élargir la portée de leurs initiatives. Mohammad Abrash fait, dans ses fresques, l’apologie du travail et de l’apprentissage. L’une d’entre elles représente un enfant lisant un livre. Il est inscrit « travailler dur ».
Quarante établissements scolaires revêtent les tuniques colorées de Mohammad Abrash à Tripoli. Depuis 2017, ce street artiste rénove des murs abimés de la capitale du Nord-Liban. L’initiative voit le jour grâce à une collaboration sans failles avec son ami Nazih Yassine, ingénieur lumière à Future TV.
« Changer le visage de ces quartiers en difficulté »
Ce projet révèle le potentiel des réseaux de solidarité dans la région. Il prend une ampleur considérable lorsque le géant Société Générale de Banque Liban (SGBL) annonce son soutien financier. Dans un communiqué de presse, le PDG de SGBL affirme son attachement à un « art du graffiti [visant à apporter] un peu d’optimisme, de la vie et des couleurs et [à] changer – ne serait-ce qu’un tout petit peu le visage de ces quartiers en difficulté ». Le ministère de l’éducation voit cette initiative d’un bon œil. Les officiels affirment que l’art s’impose comme un véritable remède aux cicatrices des conflits du passé. Ainsi, l’artiste est chaleureusement accueilli par les écoles et les lycées publics.
Cette mobilisation collective prend d’autant plus de sens que les jeunes de Tripoli semblent ravis de la mise en couleurs de leurs établissements et de leurs rues. D’ailleurs, une centaine d’entre eux participe au chantier dans le cadre d’ateliers organisés par le duo.
La capacité de l’art à unir
Les fresques supplantent littéralement les marques de la guerre. Le symbole est fort. Nazih Yassine et Mohammad Abrash sont originaires de Bab el Tebbeneh. Ce quartier de la banlieue de Tripoli était, jusqu’en 2015, en proie aux reliques de la guerre. MM. Yassine et Abrash sont la preuve de la capacité de l’art à unir les jeunes de la région. À terme, ils prévoient de se déployer dans tout le Akkar.
Paix, art et culture sont les moteurs de cette initiative. Les réseaux d’entraide se tissent autour des projets ambitieux. L’association Al Doha entend, elle aussi, entériner la paix par la promotion de l’éducation, de la culture et de l’art. Les jeunes du Nord-Liban sont prêts à participer à ces initiatives. Il suffit que les associations en proposent.
Raphaël Blin
© photo:Mohammad Abrash